Aujourd'hui, j'ai envie de me livrer un peu à toi, de partager mon expérience de l'adoption simple, parce qu'à 31 ans, je viens d'être adoptée par le compagnon de ma maman.
C'est à travers deux lettres écrites à mes "deux papas", que je vais partager ça avec toi.

 

Mon Dada,
Quand on y pense, je t'ai demandé l'impensable... de me laisser être légalement la fille de quelqu'un d'autre. La fille de ton oncle. Pire, de porter son nom.
Je t'aime tendrement comme une fille peut aimer l'homme qui à participé à sa venue au monde, mais il se trouve que ces dernières années, tu as plus été un papa en papier mâché qu'un vrai père présent dans ma vie. Tu sais que ton oncle a prit le relai de ton rôle lorsqu'il s'est marié avec maman... Peut-on l'en blâmer ?

Il a simplement agit avec moi comme tu aurais dû le faire. Je ne t'en veux pas tu sais, je te comprends. Je n'ai pas toujours été une fille facile et nous ne savons pas parler. Enfin surtout toi, parce que moi .... j'ai essayé de te parler. Souvent.
Je reste persuadée que ce jour ou pour la première fois je t'ai demandé si tu m'aimais et que tu m'as répondu que ce n'était pas le soucis, sans répondre réellement, quelque part à l'intérieur de toi tu pensais fort "bien sûr que je t'aime petite sote !" Mais tu ne l'as pas dis. Jamais.
Même dans mes moments les plus sombres, les plus douloureux, tu n'as jamais osé reconnaître tes sentiments de papa à mon égard. Comme j'aurais aimé que tu le fasses, comme j'ai espéré que tu me protèges, que tu agisses en "homme de la maison", même si j'avais quitté le nid.

Je t'en veut terriblement sur un point en revenche, c'est de ne pas avoir joué, et de ne toujours pas le faire, ton rôle de grand-père vis à vis de mes enfants parce que ton absence leur est insupportable, et je sais ô combien c'est douloureux, de n'avoir un appel que pour les grandes occasions, quand il y a des cadeaux a distribuer.

Le plus beau cadeau que tu aurais pu faire, tu l'as toujours fuis, c'est nous offrir de ton temps. Mais de ton temps vraiment. Pas le coup de vent bi-annuel que tu nous offres par obligation familiale.

Sache que malgré tout, je t'aime par dessus tout, tu m'as offert un énorme cadeau en me donnant la vie et même si je n'ai pas toujours pensé que c'était le cas, je t'assure qu'aujourd'hui, c'en est un.

J'avais tellement peur de ta réaction, que tu refuses de me faire ce papier d'approbation, et je te remercie, ca a grandement facilité la procédure.
En tout cas, même si tu n'es pas ce que j'attends de toi, il y aura toujours au fond de moi, l'espoir que tu reprennes et partages cette place qu'un autre homme a prit dans ma vie ...

Je t'aime papou, à bientôt


Mon petit papa,

Il y a quelques années, je t'ai demandé ce que jamais je n'aurais pu demander sans un amour inconditionnel. De m'adopter. De faire de moi ta fille, de me donner cette identité que j'avais perdue depuis bien des années.

Aujourd'hui, je suis ta fille, pour de vrai, plus seulement dans nos coeur mais aussi aux yeux de la loi, et mon cadeau pour te remercier, c'est d'avoir choisi de porter ton nom. Toi qui n'a pas eu d'enfants naturellement, désormais, tu as une descendance, ton nom ne s'éteindra pas.
Tu mérites ça, parce que ce que tu as fais pour moi, je n'en serais jamais assez reconnaissante.

Je le sais, toi et moi, on se connaît depuis au moins toujours, enfin mon toujours à moi, mais c'est quand même une bonne trentaine d'années... Et si tu savais comme pendant toutes ces années, je vous ai admirés, Angèle et toi, d'abord plus proches de grands-parents de remplacement que de véritables parents, je vous ai toujours aimé comme des membres bien à part de ma famille.Vous étiez en tout cas dans mon petit coeur d'enfant bien plus de ma famille que certains qui valorisaient ce titre haut et fort.

Puis tu as épousé ma maman et dans la pudeur, pour toi comme pour moi, tu es finalement devenu mon papa.
Un papa que je n'ai jamais cessé de respecter, tu as été un modèle dans bien des choix, et encore aujourd'hui, je me demande souvent quand je suis confrontée à un obstacle "qu'est ce que mes parents feraient à ma place".

Je n'ai pas souvent été un modèle de perfection, j'ai même bien souvent dépassé les limites, j'ai fais de mauvais choix, de mauvaises rencontres, et tu as toujours été là, malgré tout. Tu aurais pu te contenter de te dire que ce n'était pas ton problème, que JE n'étais pas ton problème, simplement le soucis de la femme que tu as épousé, et t'en remettre à elle et mon paternel. Mais non, tu as choisi d'être là, contre tout ce à quoi je pouvais attendre de la vie.
Et de conseil en conseil, de sourire en câlin, de disputes en partages, tu es devenu ce que j'attendais le plus : un modèle paternel. Tu as assumé et pris des décisions pour moi peu importe ce que ça impliquait, tu m'as soutenue et engueulé chaque fois que la situation l'a nécessité. Et chaque jour, chaque seconde, chaque souffle, tu es devenu mon papa.

Quand tu m'as dis la première fois que tu refusais de m'adopter, j'en ai compris les raisons mais mon coeur était déchiré de ne pouvoir rendre légal tout ce que je ressentais au plus profond de moi.

Tout comme une fille peut rêver de son prince charmant, je rêvais en secret d'avoir un jour un vrai père. Je t'ai tellement espéré, tellement attendu.

Depuis le 27 avril, tu es officiellement et aux yeux de la loi mon papa, je porte ton nom, celui de ma famille, de celle que nous formons. Et comme jamais cela ne m'étais arrivé avant, j'ai l'impression que chaque chose est à sa place. Comme si la tempête dans ma tête que constituait cette crise identitaire, était définitivement balayée.
Tu me manques cruellement et je regrette un peu cette habitude que nous avons prise d'être pudiques l'un envers l'autre, parce que je crois que nous venons de nous faire le plus beau des cadeaux, celui de toute une vie.

Entre aujourd'hui et le jour ou tu as accepté de faire de moi ta fille, il s'est passé beaucoup de choses, de temps. Un an. Un an qui aura servi à toute la paperasse, à crier haut et fort à tout le monde combien tout cela était pourtant évident.

Maintenant j'ai des parents, pour de vrai, et j'espère profondément que nous allons profiter de chaque moment qu'il nous reste à vivre ensemble, parce que je le sais déjà, et peu importe le moment, la vie t'arrachera à moi bien trop tôt, et je trouve ça tellement injuste....

Je t'aime comme jamais je n'aurais pensé pouvoir t'aimer un jour, j'aime ce que tu es, ce que nous sommes, et surtout, j'aime par dessus tout la nouvelle famille que nous formons, il n'y avait rien de plus indispensable pour moi que de te trouver, papa.
Merci de faire parti de ma vie, merci d'avoir dit oui.
Je suis quelqu'un grâce à toi.

 

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J'espère que ce partage intime te fera comprendre un peu qui je suis et à quel point j'ai été en souffrance pendant longtemps.
Entre l'absence d'un modèle paternel, et la souffrance liée à mon passé, mon histoire et mes amours, alors j'ai mis du temps avant de savoir qui je suis vraiment et pourquoi je suis là.
Ce que je sais, c'est qu'avec cette nouvelle, et mon amoureux, je me sens revivre, et je recommence gentiment à aimer tout ce que je n'ai plus fais depuis longtemps.
J'ai tellement souvent entendu que tricoter c'était con, qu'aimer les loisirs créatifs c'était con, que de regarder des séries à la TV c'était con, bref tout ce qui fait que je suis moi semblait stupide pour mes ex. Je réapprend à aimer ce que j'ai toujours aimé faire, et je tente de retrouver qui je suis.
C'est pour ca que j'ai dû mal à poster du contenu intéressant en ce moment, je me redécouvre.
Mais c'est chouette, parce que toi et moi, on va pouvoir redécouvrir tout ça ensemble !

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